Un petit bout de femme aux longs cheveux bruns, le regard aigu, nous accueille sur le pas de sa porte. On la sent un peu nerveuse de nous recevoir chez elle, alors qu’elle tenait tant à nous faire la primeur de son atelier fraîchement installé. Mais les contretemps se sont mis de la partie, et c’est donc dans son petit appartement de Sète, dans son séjour cuisine, que France Lopez travaille encore sur sa machine à coudre les filets de pêche.
A trente cinq ans, France est une femme épanouie, débordante d’énergie. Avec ses yeux malicieux et son sourire espiègle, elle nous raconte son parcours. Il y a dix ans,
Par nécessité, elle commence à réparer à la main, les filets de pêche de son compagnon. Pour elle, ce travail est vécu comme une contrainte. Les gestes sont répétitifs, les longues heures de raccommodage, harassantes. Elle a l’impression d’exécuter des tâches sans intérêt. Deux ans plus tard, le couple investit dans une machine à coudre, une ancienne boutonnière montée sur une table de travail conçue pour recevoir les filets. L’activité de France s’en trouve largement facilitée.
Puis, son compagnon s’absente plusieurs mois pour une saison de pêche, et France est sollicitée par Félix Appolis, patron de la coopérative de pêcheurs de Palavas les Flots, pour la réparation des filets des adhérents. Favorablement impressionné par son dynamisme, sa ténacité et la qualité de ses ouvrages, Félix Appolis lui propose de la former et de lui apprendre le métier dans les règles de l’art. France comprend alors qu’elle a la possibilité de réaliser quelque chose pour, et par elle-même, et malgré l’opposition de ses proches, elle décide de se lancer à fond dans ce métier. France devient donc filetière.
Les premiers temps, les pêcheurs de la coopérative « rigolent » : « Quoi ? Une petite bonne femme pour faire un métier d’hommes ? Ça ne s’est jamais vu ! ». Mais France aime les défis. Elle pressent que cette opportunité va lui permettre, pour la première fois de sa vie, de devenir complètement autonome, tout en prouvant à tous ce qu’elle est vraiment capable de faire.
Et peu à peu, les gens de la profession apprennent à lui faire confiance. Ses efforts sont reconnus et les commandes affluent. France est capable de monter jusqu’à deux kilomètres de filets en une journée, alors que la plupart des monteurs ont besoin de trois jours pour le même travail ! De plus, elle est la seule à proposer ses services d’ouvrages sur mesure, entre Palavas les Flots et Port Bou, car l’unique entreprise concurrente se trouve à Lisbonne…
Sa rapidité d’exécution, sa force de caractère peu commune, son professionnalisme lui ont assuré sa crédibilité. Aujourd’hui, la coopérative lui fournit toujours une partie de sa clientèle. Mais France travaille aussi en direct avec d’autres patrons pêcheurs de la côte qui lui commandent le montage de tous leurs armements, soit près de quarante kilomètres de mailles par mois.
Fière à juste titre de ses résultats, France nous explique son travail. Les filets sont achetés par les pêcheurs, et livrés chez elle en ballots. Sa mission consiste à coudre les kilomètres de maille sur les cordages haut et bas qui serviront à la pêche à la battue.
Les gestes de France sont précis, quasi chirurgicaux. Ingénieuse, elle a adapté sur sa table de travail, un système de guidage des fils qui lui permet de gagner un temps précieux. On comprend mieux, en la voyant s’activer sur sa machine, l’incroyable cadence qu’elle est capable de maintenir pendant des heures. Pas de doute ! France est la filetière la plus rapide des côtes méditerranéennes !
Avec un chiffre d’affaires d’environ cinquante mille euros par an, et un carnet de commandes plein pour les six prochains mois, la petite filetière a, décidément, le vent en poupe...
Vous pouvez contacter France Lopez à Sète
Résidence les Claires Marines - 31, boulevard Joliot Curie
au 09 51 62 06 29
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